Si j’avais besoin de toi

De Ropta. Photos de Pete Sherrard
  1. LA BAISE

Ça commence avec un baiser. Deux lèvres qui se rencontrent au moment idéal, deux langues qui se lient en libérant une sensation titillante. Et au fond, tout au fond, l’amour nage dans un océan sombre – un Léviathan. Un univers tout entier enfermé dans un battement de cœur.

Quand il mord, ces dents sont croustillantes et froides, elles provoquent ma peau à se replier et se courber sur elle même comme si elle était vivante. A un moment, pendant qu’il embrassait l’os saillant de mon épaule, je pense: ma maison est en désordre.

Peut-être que nous devons éteindre les lumières. Dis-je.

Il ne répond pas. De sa propre façon, il est une vie qui transpire, une flaque d’eau au milieu d’un terrain sec. Il est cette sensation à la fois rugueuse et caoutchouteuse quand sa peau touche la mienne, la fermeté de son estomac. Il est une forêt. Un arbre dans une forêt. Un vieil arbre sage, un “podo“ aveugle, incapable de juger, assis dans le confort de sa propre ombre, entouré par le brouillard. Il a apporté l’odeur des feuilles humides, fétides. Le parfum des champignons qui éclate, comme des oiseaux gazouillant de loin, qui transmettent des mélodies, comme des flèches bien orientées pour percer le sol de la forêt. Je tremble lorsque je me sens vaciller.

Pas avec les lumières allumées. Pensais-je.Je lui dis: J’ai besoin d’éteindre les lumières (une petite pause), s’il te plait!

Il retire son corps et s’assoit. Cette fois comme un être humain avec une vulnérabilité dans la manière dont il pose ses doigts épais et velus sur ses genoux. Son dos est un peu courbé, ses cils sont les plus longs que j’ai jamais vu et ses lèvres font vibrer ma poitrine. La petite marche vers l’interrupteur est un dur rappel de mes mauvaises qualités de ménager, je suis un plouc. Sur la table, il y a des plats sales mélangés à des épluchures de mangues sur lesquelles se pavane un escargot géant. Je retiens mon souffle attendant son commentaire dégouté. Il ne dit rien. C’est un ange. Il ne voit que moi. Ma maison est envieuse.

J’éteins les lumières et le rejoins. Viens, j’insiste. J’attrape son bras et le tire du sofa, puis dans ma chambre qui est juste au coin. On se met à s’embrasser fiévreusement. La chambre est soudainement chaude et une sueur piquante se forme au creux de mon corps alors qu’il me tient à un angle impossible. Je sens une envie soudaine de me précipiter dans la salle de bain pour me laver et nettoyer ma maison, non, la désinfecter de fond en comble. Mais, je ne peux ignorer la sensation de son bassin contre le mien, sa chaleur. Son pénis en érection aussi large et ferme qu’une torche qui suit la raie de mes fesses avec une totale confiance. Le sang affut à mon front, j’ai le tournis.

Il me retourne vers lui et je le regarde, ou du moins je regarde sa silhouette. Il a un physique imposant, comme un rocher de granite. Mais il s’allonge avec douceur sur moi et ses tétons titillent ma poitrine. Je traine mes doigts sur la sienne. Il a peu de poil, mais des bosses rugueuses sur sa peau. Son souffle est chaud et un peu rance. Je déteste le fait de respirer directement son souffle, donc je tourne sur ma tête de coté. Je réalise que je respire très fort également. J’ai lu quelque part que je devrais toujours être conscient de ma respiration et de mes pensées.

Oprah disait: Celui qui observe, est celui qui a le control.

Je traine mes doigts de sa poitrine à la fin de ses épaules, puis je les glisses vers le bas, tout en bas jusqu’à l’endroit où le bord de son caleçon est trempé avec sa sueur. Je tire le caleçon vers le bas et frappe ses fesses avant de glisser ma main entre elles. Ses poils pubiens me chatouillent au moment où j’attrape son sexe. Je suis incapable de l’envelopper entièrement avec ma main et cela m’effraies. Je commence à le caresser et son souffle devint de plus en plus fragmenté.
Est-ce que c’est doux? Demandais-je.Il répond: Arrêtes de poser des questions idiotes.
Que pense Dieu de nous en ce moment? Ajoutais-je.

Laissons Dieu en dehors de ceci. Dit-il.

Maintenant, il m’embrasse, sans doute pour que j’arrête de poser des questions, mais son baisé est loin d’être doux et j’aime la douceur. Ses dents cognent contre les miennes avec une telle vigueur que je commence à m’inquiéter qu’elles n’abiment les miennes. Et sa langue, avec sa force ondulante d’un serpent semble vouloir s’enfoncer dans ma gorge. Et il mord, il tire ma lèvre inférieure et mord. Le gout métallique du sang inonde ma bouche. Il me retourne rapidement. Des sensations piquantes, écailleuses picotent mes jambes et mes bras, mes genoux et mes coudes commencent à me faire mal. Je place mes mains sur ma poitrine et tourne ma tête de côté. Je n’en peux plus, je me tords pour me remettre sur le dos, mais il me repousse.

Arrête de faire ça, qu’est-ce qu’il y a encore? Je veux te pénétrer. Dit-il.

Justement, je veux éviter ca. Pourquoi les lumières sont-elles éteintes? Je devrais être assis sur mon canapé à regarder le show de Monique sur BET. En ce moment elle doit être entrain d’interviewer D’Banj. Pensais-jeJe ne suis pas confortable, dis-je.

Détends-toi, ça va aller. Je sais bien m’y prendre. La glande de la prostate peut être masse seulement de l’orifice anal. Les hommes avec lesquels j’ai couché m’ont dit que je sais bien m’y prendre. Me dit-il.

Pré… dis-je.

Je ne vais jamais coucher avec toi sans préservatif. Dit-il.

Je me mets à penser aux toilettes externes avec un trou. J’avais un dans mon village qui était mon refuge. C’était toujours propre et sec, sauf les jours où mon père se saoulait et chiait négligemment, remplissant les toilettes avec les vapeurs alcoolisées de ses déchets. Les toilettes avaient une cheminée, un gros tuyau orange contre lequel je m’appuyais et y pressais mon sexe jusqu’à ce qu’il s’endurcisse, puis je m’y frottais avec une intensité totale jusqu’à éjaculation. Je me rappelle comment je m’accroupissais sur le trou et faisais sortir mes selles, le soulagement lorsqu’ils sortaient et tombaient avec un bruit sourd dans le trou. Ai-je déjà inséré mon petit doigt dans mon anus? Oui, je l’ai fait mais mon anus était trop serre et pressait mon doigt.

Il tire mes mains du dessous de ma poitrine et les plaques contre le lit en les immobilisant. Il me dit de serrer mes jambes étroitement avec une telle majesté dans sa voix que j’obéis sans réfléchir. Sa voix est comme un stimulus commandant mon corps. J’essaye de sentir mes draps mais mon nez est mort. Je pleure silencieusement car je ne veux pas qu’il m’entende. Ça pourrait le faire fuir. Je veux qu’il arrête ce qu’il fait, mais je ne veux pas qu’il parte. Je veux m’assoir avec lui sur mon canapé, ou couché sur lui avec une couverture chaude sur nous, tous les deux léchant une glace avec la même cuillère en regardant Monique sur BET.

Arrêtes de te contracter, ça va faire mal si tu te contractes. Ne t’en fais pas, tu peux me supporter. Dit-il.

Tu m’aimes? Vais-je te revoir? Lui demandais-je.

Je serais toujours là pour toi bébé, tu es si doux, je prendrai toujours soin de toi. Dit-il.

Est-ce possible qu’une personne se brise en un atome unique?

Je me sentais rétrécir. Mon crane se repli dans mon coup et mes bras et mes jambes se contractent.
Je me suis transformé en un petit carré noir sur le lit, et soudain tout à l’air plus grand que moi. J’entends le bruit des murs. L’obscurité me parle et sa voix n’est pas gentille, elle est vénérable et forte en même temps. J’ai peur, et c’est là que la douleur commence. Elle déchire mon corps comme un éclair et effectivement, je peux voir un flash aveuglant. Comme maintenant je suis un petit carré noir sur le lit, je suis sure qu’il va me passer à travers et sortir de l’autre coté du carré. Son pénis est une force indépendante, rude. Il conquiert. Il fait une randonnée comme les colonies des Boers d’Afrique du Sud, tirant sur toute chose en vue – lions, éléphants, khoikhoi. Il découvre le Mont Kilimajaro et nomme une cascade après moi, Victoria. Désormais je suis un continent, je ne suis plus un carré. Je réalise que mes lignes ne sont pas droites. J’ai peur du conquérant. Le conquérant apporte la maladie – la variole, la syphilis, la varicelle, la rougeole – Le conquérant est fait d’acier et de poudre à canon – il détruit les forêts anciennes et les transforme en plantations. Le conquérant tue votre langue et y impose la sienne.

Son pénis m’a fait oublier le pouvoir de mon langage.

Il va et vient en moi comme un moteur à plein régime, son pénis chamboule la douceur de mon intérieur, mélangeant les fluides dans un rythme ancien, pendant que lui gémit comme un démon. Je me surprends à penser à la bataille de Wounded Knee.

Le chef Tecumseh a dit : Quand viendra l’heure de votre mort, ne soyez pas comme ceux dont les cœurs sont remplis par la crainte de la mort de telle sorte que lorsque leur heure sonne, ils pleurent et prient pour un peu plus de temps pour revivre leur vie différemment. Chantez le chant de votre mort et mourez comme un héros rentrant à la maison.

Je suis un héros Indien. Je suis le dernier des Mohicans. Je vénère Wakan Tanka.

Il se retire et un soulagement rafraichissant m’inonde. Bien qu’encore douloureux, mes muscles et mes nerfs s’étirèrent comme jamais au préalable. Puis je sens son sexe me chatouiller à nouveau, il écarte mes fesses.

Ça te plait quand je te taquine ainsi? Mec, tu es tellement sexy. Oh, la courbe de ton cul.

Il dit cela avec sa bouche collée à mon oreille. Les mots ont leur propre force et comme une flamme, ils trainent sur mon corps avec une chaleur brulante. Il mord ma bouche comme si nous étions des chats accouplés pendant qu’il me pénétre à nouveau. Cette fois, il se serre contre moi et me tiens si fort, grinçant ses dents de telle sorte que je ne peux pas séparer mon esprit de cet acte et ne sens que la fermeté de son pénis bouillant. Des secousses d’extase se versent le long de mes jambes.

Je veux qu’on jouisse ensemble, frérot. Dit-il

Il me retourne sur le côté. Le brusque changement de position entraine à nouveau des douleurs et je proteste.

Il dit : Ne t’avise pas à me repousser, je suis enfoncé profondément….oh putain.…oh putain….

Je me fais violer. J’aime la cruauté qu’il m’inflige. Je souris comme un méchant et savoure le flot de son désire remplissant mon rectum pendant que je me caresse vigoureusement.

Ce que j’ai raconté à mon meilleur ami le lendemain

2. JE L’AIME

Nous allons vivre ensemble et le lien qui nous unie me rendra assez courageux pour avouer à mes parents, frères et sœurs que je suis gay. T’as-je déjà dis que ma mère est ma meilleure amie? Nous parlons pendant des heures mais il y a des choses que l’on ne dit pas, même à ses meilleurs amis. Tu ne leurs dis pas que tu baisses ton pantalon pour un homme parce que c’est une honte. Pourquoi sucer la bite d’un autre homme alors que tu en as un?

Mais notre histoire est différente. C’est le destin suprême. Je pense que nous sommes fait l’un pour l’autre. Il y a une connexion, j’en suis certain. C’est diffèrent. Arrêtes de me regarder avec cet air de “c’est ce que tu dis chaque fois après t’être envoyé en l’air”. Il est si doux et il respire la masculinité dans son expression la plus éblouissante. Sa force au lit me coupe le souffle. Je pense à nous, vivant ensemble, passant des weekends à rien faire dans la maison – regarder des comédies romantiques tant que c’est Jennifer Anniston qui a le rôle principal. Il pourrait m’embrasser et me caresser le dos pendant que je lui fais la cuisine. Oh mon Dieu, je ne lui ai même pas demandé son plat préféré.

Ok je suis d’accord avec toi. Je t’ennuis. Tu veux que je te parle de sa bite, plutôt? Sa queue…

J’ai besoin d’une minute de silence pendant que j’y repense. C’était un obélisque, un monument, encore plus grandiose que l’aiguille de Cléopâtre. Il mérite d’être adulé. Un temple doit être construit à son honneur.

Je ne plaisante pas Kiki, je ne suis pas entrain d’embellir la vérité. Je te montrerais ses mains pour le prouver, et je veux que tu fasses très attention à son pouce. Tu sais que des scientifiques de Harvard ont démontré qu’un pénis en érection est trois fois plus long que le pouce de la personne? Ne t’inquiètes pas Kiki, assures-toi juste de lui donner la poignée de main à l’Africaine, et gardes sa main pendant que vous parliez et regardes bien son pouce. Multiplie ca par trois et dis-moi si tu ne seras pas prêt à avoir un torrent d’orgasme sur le champ. Assures toi de porter un pantalon en coton, quelque chose d’absorbant et non pas ces strings en nylon facile à déchirer dont tu es si friand. En fait il est temps que je les fasse tous sortir de ton placard mais j’ai d’abord besoin d’acheter des gants et des désinfectants parce que je sens qu’il y a une croissance anormale de germes qui s’y est formée.

Je nous vois conduire sur une route déserte pour aller visiter notre champ. Nous avons payé cinq hectares. Nous aurions dû acheter une centaine mais nous n’avons pas ce genre d’argent. Quoi qu’il en soit, cinq hectares c’est assez pour deux vaches Ayshire ou de race Brown Swiss avec un couple de poulets ou de chèvres. En plus nous avons une ancienne ferme McDonald. Nous y ferons pousser des pommes de terre en avril. Les pommes de terre se vendront bien durant cette période et en septembre nous déciderons si nous voudrons pousser du haricot ou des pois. Je me vois froncer les sourcils et quitter la chambre. Dieu, le frisson d’avoir mon premier argument réel. Tu sais, je ne me suis jamais disputé avec un amant, je n’ai jamais mis fin à une discussion avec l’un d’eux d’une manière chaude. Tous les hommes sont simplement sortis de ma vie en silence, comme si il n’y avait jamais rien eu.

Ca ne serait pas ainsi avec lui.

Maintenant arrêtes de me poser toutes ces questions. Je veux écouter une chanson de Don Williams et pleurer.

3. C’EST UNE JUNGLE SANS AMOUR

Je pette bruyamment. J’aime la sensation du pet traversant mon corps et le fait que je ne peux pas sentir son odeur. Le réfrigérateur ronronne. C’est la seule chose avec un semblant de vie dans la maison. Il n’y a pas de mouches et les moustiques sont cachés, incapable de bouger. J’aurais aimé des cafards mais je les ai décimé avec ce nouveau spray.

Il y a beaucoup de brouillard dehors. Il m’enveloppe comme un linceul lorsque je vais sur le balcon. J’aime sa force, la manière dont il s’étale sur le paysage, quelque chose venant d’un autre monde.

Je n’ai pas mangé mon petit déjeuner. J’ai frit quelques œufs et réchauffé des smokies mais l’appétit n’y était pas. Et je ne supporte plus le goût du Cerevita. Je vais me contenter d’un peu de lait. Je laisserais le verre comme tel, je le rincerais au moment de prendre mon jus du soir.

Je me disais que je dois absolument finir la huitième saison de Desesperate Housewives. J’en suis là atteint où Mike Delfino est mort. Je m’étais réveillé exprès à huit heures pour le regarder, mais il est dix heures et je n’ai toujours pas allumé le lecteur de DVD.

Il n’a ni appelé, ni répondu à mon texto. Au début je l’avais composé ceci:

SALUT MICHAEL. NOUS NOUS SOMMES TELLEMENT AMUSE HIER. TU ME MANQUES BEAUCOUP. TU ES TRES BEAU FRERO, ET TON PETIT HOMME A SI MERVEILLEUSEMENT TRAVERSER MA MER ROUGE. PEUT-ON SE REVOIR? QU’EST-CE QUE TU FAIS CE WEEKEND? NOUS POURRIONS NOUS RENCONTRER AUTOUR D’UN CAFE OU UNE BIERE, QU’EST-CE QUE TU AIMES? JE SUIS UN EXCELLENT CUISINIER, TU SAIS. POURRAIS-TU PASSER CHEZ MOI POUR LE DEJEUNER?

Puis je me suis dit: il pensera que je suis un maniaque, donc j’ai supprimé le message. J’ai cherché mes mots pendant plus de trente minutes avant de me décider finalement sur ceci:

SALUT MICHAEL, COMMENT VAS-TU? TU ES BIEN SILENCIEUX.

Je ne dois absolument pas l’appeler, ça montrera que je suis désespéré. Je dois me comporter comme si je m’en foutais, pensais-je.

Deux heures plus tard.

Si je ne l’appelle pas, je pourrais le perdre à jamais. Les bonnes choses de la vie valent bien la peine qu’on se bat pour elles, pensais-je.

Je ressors sur le balcon. Toutes ces pensées m’ont donné mal à la tête. Je regarde dans le vide. D’habitude, ça aide. Puis je le vois. Ce n’est pas une vision inventée. Je le vois réellement. Il est au tournant de la voix goudronnée menant à ma maison et il porte un imperméable, un chapeau bas et des lunettes. Je ne l’ai jamais vu avec des lunettes auparavant. Il marche à petit pas hésitants et avec ses bras plaqués le long de son corps.

Je sens une envie soudaine de crier après lui, au même moment, nos regards se croisent. Trop tard, moi qui voulais me cacher, mais il m’avait reconnu. Et à cet instant précis, cela me frappa qu’il allait faire demi-tour. J’essaye de le retenir en le fixant du regard, mais il a déjà fait demi-tour. Je sens quelque chose de salé dans ma bouche. Ce sont mes larmes.

Les secondes n’ont jamais semblées si éternelles, et les marches de l’escalier qui jouent ce jeu malsain en s’allongeant en un spiral infini sous mes pieds; j’ai une jambe dans mon pantalon retroussé, et des tongs qui claquent sur ​​le sol menaçant de se déchirer dans ma course.

Le gardien me crie après, il me demande où je vais et s’il y a un problème. J’ai envie de lui répondre que je cours derrière Michael, que je veux qu’il me baise, qu’il me plaque contre le mur et qu’il morde mes lèvres, je veux qu’il m’enchaine à mon lit comme un chien.

Le brouillard n’était pas si épais qu’il le paraissait depuis le balcon. Des bandes plus petites que du papier déchiré défilent devant moi. J’aurai aimé avoir le courage de lui crier après, de le rappeler. Mais ma voix est faible, le courage est dans mes jambes, dans ma course pour le rattraper. Mais ce courage s’envole à son tour lorsque j’arrive au tournant de la rue et qu’il n’est nulle part en vue – que des voitures garées devant des fast-foods. J’eu l’envie de m’allonger là, par terre. Je deviens fou.

Puis je vois sa voiture, une Subaru Impeza grise. Il est à l’intérieur de Kuku Frys. Je marche avec une désinvolture forcée vers l’entrée. Il est assis avec une femme et deux enfants. La femme est ronde et mange des frites avec ses mains, il y a une arrogance insouciante dans son comportement. Les enfants sont timides et sont pressés de chaque côté de leur mère. Deux garçons en pull et chaussures identiques, probablement portés pour la première fois aujourd’hui. Il occupe son espace d’une manière vague et déconnectée. Il est prudent et précis avec ses couverts. Son imperméable est posé sur sa chaise et il regarde sa nourriture avec des yeux de chirurgien.

“Michael.”

La réaction sur son visage lorsqu’il m’a vu n’aurait pas pu être plus intense que si j’avais poussé des ailes et m’étais envolé. Il pose ses couverts à coté, pousse sa chaise et marche rapidement vers moi. Il saisit mon bras douloureusement et m’amena dehors.

Qu’est ce que fais-tu ici? Que pensera ma femme si elle te voyait ici?

“Tu as dit que tu m’aimes Michael”.

“Nous parlerons de ces choses une autre fois mon garçon. Je dois y aller.”

“Je veux me blottir contre toi au lit en écoutant une chanson de Don Williams.”

Il frappe ses mains.

“Ok, tout ça va un peu trop loin. Casses-toi, casses-toi tout de suite, sinon je te jure que ça va mal se tourner. En ce qui me concerne, tu n’étais que la baise du vendredi. Le coup du vendredi ne se pointe pas à un rendez-vous de dimanche.”