Canvassing Invisibility

By Taijhet Nyobi-Rockett.  Painting by Corinna Nicole

Multicultural and multiracial, Corinna Nicole is an artist that understands inter-sectionality. She was raised in and Near Neu Ulm, South Germany until the age of eight, after which she made the twenty-one hour flight to America finding herself in the warm humid arms of Huntsville, Alabama. With an African-American father and a German mother, Corinna stood out like a hangnail as a child of an interracial marriage. She was often the only biracial student in her class and spoke only German, except for a few commonly used words in English. To add to her marginality she came out as queer in High School. Navigating her multiple identities has given her the strength to speak up against invisibility and oppression.

It wasn’t until college where she switched her major from graphic design to visual arts that she found her voice. She received her BA in Art from the University of Montevallo in 2008. Before graduating, Corinna was asked to have a solo exhibition at the school’s gallery, at which she boldly displayed over 20 pieces dealing with taboo issues such as: interracial couples, gay/lesbian relationships and colorism. In search for a place to hone her talent and a city that would further allow her to push the envelope she stumbled across the San Francisco Bay Area, where so many queer politics and subcultures flourish. Her artistic skill and vision landed her at The University of California Berkeley, where she went on to gain her MFA in Art Practice. This was only the beginning.

For the past two years since graduating from UC Berkeley she has worked intensely with several Bay area based nonprofits and community-based organizations around Queer visibility. Art and politics go hand and hand. Historically, we have seen how art has helped inspire political movements and expand consciousness-raising.

 

Her art, exquisite in form, is not merely an artistic expression; it is a plea, a request for very necessary conversations around invisibility and emerging identities. “The only way to combat hatred, phobia and violence against non-straight bodies is to create awareness. This is my life work, activism, and passion. I can’t imagine myself in any other career. Nothing else will keep my attention. Queer folks all over are speaking out and up for each other and I am proudly a part of that dialogue. My art is a part of that struggle.”

In person she is reserved and humble but her art speaks volumes against injustice and does not shy away from difficult topics. Her bold and fierce projects will no doubt usher in a generation of Queer and LGBT folks that are ready to be seen and celebrated.

Adaku Utah

une activiste nigérians, guérisseuse, enseignante et artiste

Paix et Salutations. Je me nomme Adaku Utah. Je suis militante, guérisseuse, enseignante et artiste nigériane. Mon engagement est le soutient des expressions authentiques dans chaque personne, et la création des espaces communautaires qui promeuvent la transformation et la guérison. Je suis une fière co-conspiratrice de la justice sociale, guerrière d’amour engagée, et une innovatrice en constante évolution.

J’ai fondé Bliss Soular, un espace collectif virtuel pour partager et créer, discuter de recettes, des remèdes, des rituels et des ressources pour nous guérir personnellement et ainsi que nos communautés. Je suis également une des co-fondatrices de “Palm Wine“ ou vin de palme (www.palmwine.org), un espace communautaire collectif qui a pour ambition de partager des sujets authentiques, honnêtes sur/par les personne LGBT nigériane au Nigeria et au-delà.

Nous honorons notre il / elle / nos histoires de traumatisme et de douleur et les utilisons comme sites pour célébrer la puissance et la résilience dont nous avions fait preuve pour briser toutes les règles, les traditions et habitudes qui nous oppriment. À New York, nous offrons gratuitement et à moindre coût, des ressources de guérison, de soutien, de rajeunissement, relaxation, transformation, et de bien-être aux individus et aux groupes.

En 2012, j’ai été sélectionnée par le Centre de Ressources Régional Africain de la Sexualité de Lagos, au Nigeria, comme l’une de leurs boursières dans la catégorie Sexualité développement du leadership. À ce titre, je me suis rendue à Lagos en Juillet 2012 afin d’organiser, d’habileté, de partager et collaborer avec les autres brillants participants africains. Nous avons exploré les points subtiles des questions conceptuelles, théoriques et programmatiques de la sexualité, la santé sexuelle et les droits sexuels et le leadership intégré pour faire avancer le bien-être sexuel, la guérison et la transformation en Afrique.

Je n’étais pas retournée au Nigéria depuis plus de sept ans, et il était donc également l’occasion pour moi de montrer aux gens dans mon pays une partie du travail que j’effectue avec passion pendant les douze dernières années aux Etats-Unis.

Le Centre de Ressources Régional Africain de la Sexualité fait partie d’une initiative de la fondation Ford nommée Dialogue mondial sur la santé sexuelle et bien-être qui a pour ambition d’apporter de la visibilité, de la profondeur et de la légitimité dans le domaine de la sexualité en Afrique. Le centre (Link here) favorise le dialogue public intentionnel et affirmant sur la sexualité humaine et cherche des pensées positives dans le domaine émergent de la sexualité en Afrique. Il met l’accent sur ​​le développement de mécanismes novateurs pour l’apprentissage et l’organisation au niveau régional.

Un de mes projets personnels est un segment de (Un) Amour conditionnel: Retour à la maison. Il s’agit d’une exploration à la fois physique, émotionnelle et spirituelle de l’amour  “queer“ et l’amour au sein des relations entre les femmes nigérianes et leurs filles, des valeurs chrétiennes des colons et les valeurs nigérianes. Ce projet examine également dans ces états les plus profonds et brutes, ces traumas qui ne demandent qu’à être guéri, examiné, et tenue.

Très bientôt, je lancerai également un autre de nos projets , celui-ci au niveau international intitulé “Partagez votre béatitude” tour. Nous nous rendrons dans les salons et les cuisines des gens pour leur demander de partager leurs recettes de guérison, leurs remèdes, leurs rituels et leurs ressources.

Je suis une amoureuse en admiration devant toutes les manifestations de l’amour autour de moi. Je vois la douleur et le traumatisme comme des sites d’inspiration, de transformation et de guérison. J’invite tout ce qui m’a mis au défi de parler ses vérités et danser avec moi à la plénitude. Vivre sa vie pleinement, s’exprimer physiquement, émotionnellement et spirituellement font partie de mon combat et ma belle acte de résistance.

Nous vivons tous des identités multiples. Je cherche et créer des espaces où chacune de ces identités peuvent s’épanouir au sein d’un monde oppressif et monolithique.

La vie d’un Masisi

Propos de Charlot Jeudi recueillis par Cases Rebelles. Photos de Giulio d’Adamo

Moi je suis un masisi comme j’aime le dire. Depuis tout petit j’ai eu des sentiments pour les garçons mais c’était toujours une difficulté de dire aux gens qui étaient le plus proche de toi ton ressenti.

Pendant un certain temps j’ai joué une comédie. Ce que j’appelle là comédie c’est l’hétéronormativité qui est imposée dans la société et que moi-même comme masisi, comme homosexuel je n’avais pas de repères je suis rentré dans la logique, du moins dans la comédie des hétérosexuels.

C’était surtout avec la communauté que j’ai joué la comédie. Mais chez moi, on voyait que j’avais un style féminin, je faisais le ménage – chez moi c’était pas une préoccupation. Mais avec mes amis c’était des : « ah mon cher, tu dois te comporter comme un garçon. Tu dois marcher comme un homme. Tu n’es pas une fille. Tu ne dois pas jouer aux osselets, au jwèt kay, il ne faut pas jouer jwèt pench, jouer à la marelle, sauter à la corde… C’est pas possible ! ». Je savais faire tout ça. C’est comme ça que je me distrayais. Après j’ai commencé à jouer au foot avec les garçons, je suis rentré dans la comédie même si je jouais aux osselets avec les filles sur le toit pour qu’on ne nous voit pas. Mais je jouais au foot au grand jour pour prouver que je suis bien un petit garçon.

Je savais danser aussi. Parce que la danse pour moi c’était la première forme d’expression que j’ai eu et ça m’a permis de rester comme j’étais quand je dansais. Parce que danser à cette époque pour moi c’était pas surtout le mouvement. C’était tout ce que je ressentais, quand je dansais.

Je suis né à Port au prince et j’ai grandi à Port-au-Prince. J’ai grandi dans un quartier populaire, Martissant, un quartier extrêmement difficile qui a tous les problèmes du monde : insécurité, électricité, eau potable, les problèmes du sous-développement d’une manière générale. La seule richesse que j’ai eu dans ce quartier, à laquelle ma famille m’a permis d’accéder dans ce quartier, c’est qu’on m’a envoyé à l’école, on m’a donné de l’instruction. Ça a permis de développer tout un sens des responsabilités dans un tas de domaine chez moi qui m’ont amenées à entrer dans des organisations de base.

J’ai toujours fait un maximum d’efforts pour avoir de très bons rapports avec les gens de mon entourage – ça m’a aidé énormément. Même quand je n’arrive pas à comprendre quelqu’un, je fais beaucoup d’efforts pour le comprendre. Pour pouvoir évoluer dans le milieu où je suis né. Je crois que j’ai hérité d’un quartier, d’une communauté traversé par beaucoup de violences, de conflits. J’ai vu qu’il n’y avait pas intérêt à… j‘ai vu trop de violences, trop de victimes par rapport à tout cela. Et j’ai développé toute une culture pour vivre ensemble, de solidarité pour voir comment améliorer les rapports entre les gens. Et puis dans mon quartier tout le monde me connait.

J’ai toujours assumé mon homosexualité dans le quartier, chez moi, dans ma famille. Ça n’a jamais été un problème. Je me souviens à 18 ans je m’étais approché de ma mère, je lui ai dit que j’aimais les garçons ; ma mère m’a dit « ce qui est le plus important Charlot, c’est d’aller à l’école. » J’ai toujours été élevé entre ma mère, mon père, mes sœurs et frères. J’ai toujours été encadré comme ça et ça m’a toujours mis en confiance. C’est quelque chose qui a développé une situation de confiance, d’assurance, d’estime de soi chez moi. Je suis un enfant bien né en ce sens parce que je n’ai pas connu les atrocités qu’ont connues des amis homosexuels aujourd’hui ou qu’ils avaient connues dans le passé. J’avais des garanties de ce côté-là. Et entant donné que je voulais être artiste, leader et donc il faut avoir un certain nombre de compétences, de qualités pour ça, il ne faut pas être timide, il faut convaincre les gens, et ces désirs là m’ont donné encore plus d’assurance.

J’ai pris ça à cœur pour pouvoir me dire au moins je suis un masisi qui n’est pas bête, qui est allé à l’école. Et ça a été comme un stimulant qui m’a permis de tenir d’avancer tout ça. Et je me suis assumé encore davantage quand j’ai rencontré d’autres amis comme Nicolas, Pouchy, Eyrol, Pierson, Richard, Rudy, Toto, Jeanjean. Un groupe. Un groupe d’amis qui étaient homosexuels aussi qui habitaient dans la communauté et qui du moins n’étaient pas trop éloignés de moi. Tout le temps on se posait ensemble. Tout le temps il y avait d’autres amis, que ce soit à Pétionville, Delma, Kwadèbouke, qui faisaient des soirées, des activités homosexuelles. Et bien on s’arrangeait en groupe pour aller y participer. Soirées, animations, journée de mers : on y allait.

Je ne suis pas religieux même si je viens d‘une famille religieuse catholique mais je ne suis pas religieux, je suis un vaudouisé pas un vaudouisant. J’aime aller participer dans des activités vaudous mais je ne suis pas adepte.

Mais pour m’accepter en tant qu’homosexuel au début je priais. J’allais à l’église je priais. Je disais « Jésus Marie Joseph qu’est-ce qui m’arrive ? Qui suis-je ? Qu’est-ce que j’ai ? Comment cela fait-il que ça m’arrive ? Samuel, qu’est ce que j’ai ? »  À un autre moment, j’ai aussi regardé du côté des loas. Je regardais mon père et ma mère – ma mère ne connait pas ces choses là, même si son père servait les loas. Depuis que je connais ma mère, jamais elle ne m’a dit qu’elle est allée une fois à une danse vaudou ou qu’elle se prépare à y aller. Pareil pour mon père. J’ai grandi, j’ai continué à prier mais à un moment je me suis dit que pour être en paix avec moi-même il fallait que je me mette à distance de la religion. J’ai fait ma première communion, j’ai été baptisé mais j’ai pris mes distances. Je prenais l’hostie, j’ai arrêté de le faire.

C’était une obligation tous les dimanches d’aller à l’église mais j’ai décidé que si j’étais pas en condition, si j’étais pas disposé je ne vais pas à l’église, tu vois. Et une autre chose, c’est que j’avais eu un très bon directeur qui nous avait dit « vous êtes tous des valeurs », c’était Emmanuel Buteau, ancien Ministre de l’Éducation nationale qui m’a dit que nous étions tous des valeurs. Je suis capable de convaincre – je suis capable d’influencer. Ça a fait un déclic chez moi.

Ce qui me rend heureux c’est de pouvoir dire à la société « arrêtez avec vos discriminations ». C’est ça mon plaisir de tous les jours, d’être moi-même, de montrer au reste de la société « voici mon chéri à mes coté ». Quoi qu’ils disent ou fassent. Que cela les dérange ou pas. Wa yan ! (Qu’ils aillent au diable !). Pour d’autres compatriotes, le bonheur serait de partir. Mais ça ne m’intéresse pas. J’ai déjà eu plus de 5 visas, je pars et je reviens. Ça ne m’intéresse pas. Ce n’est pas une de mes préoccupations. Ce serait vraiment le dernier choix de faire mes bagages.

Les plaisirs, d’où je viens, c’est des choses comme des animations de quartier, des journées de mer, ça ne peut pas être des choses qui coûtent chères car sinon il y a pas moyen. Nous ne pouvons pas nous permettre d’aller à un bal de T-Vice qui coûte 200 USD. Notre plaisir c’est sortir, participer à une activité ; ceux qui font le petit commerce, ceux qui travaillent dans la manufacture, ceux qui travaillent dans un restaurant, mais qui viennent tous se rencontrer, s’asseoir entre amis, nous faisons un cocktail le soir, entre amis. Nous discutons, etc. En petit groupe, et après chaque rentre dormir chez lui. C’est ça notre plus grand plaisir! Tu vois?