Adaku Utah

A Nigerian Activist, Healer, Teacher, and Performance Artist

Peace and Greetings. My name is Adaku Utah. I am an activist, healer, teacher, and performance artist committed to nurturing authentic expression within people, and creating transformative and healing community spaces. I am a proud social justice co-conspirator, committed love warrior, and ever-evolving mover and shaker.

I founded Soular Bliss, a collective online space to share and create, to discuss recipes, remedies, rituals, and resources for healing ourselves and our communities. I am also one of the founding members of Palm Wine (www.palmwine.org), a collective community space that collects and share authentic, honest information about Nigerian LGBTQ lived experiences in Nigeria and beyond.

We honor our his/her/our stories of pain and trauma and use them as sites to celebrate the power and resilience we have to break all rules, traditions, and patterns that hinder us. We generously offer free to low-cost resources in New York City that support healing, rejuvenation, relaxation, transformation, mindfulness, and individual and collective wellbeing.

In 2012 I was selected by the Africa Regional Sexuality Resource Center in Lagos, Nigeria, as one of their Sexuality Leadership Development Fellows. In this capacity, I travelled to Lagos in July to organize, skill-share, and collaborate with brilliant African organizers. We explored cutting-edge conceptual, theoretical, and programmatic issues around sexuality, sexual health, and sexual rights and built leadership to advance sexual well-being, healing, and transformation in Africa.

I had not been back home in over seven years, and so it was also a chance to show people in my homeland some of the work that I’ve been passionately engaged in for the past twelve years in the U.S.

The Africa Regional Sexuality Resource Center is part of a Ford Foundation initiative called “Global Dialogue of Sexual Health and Well Being” whose goal is to give visibility, depth, and legitimacy to the field of sexuality in Africa. The center (http://www.arsrc.org/getinvolved/index.html) promotes intentional and affirming public dialogue on human sexuality and seeks positive change in the emerging field of sexuality in Africa. It focuses on developing creative mechanisms for learning and organizing at the regional level.

One of my personal projects is a segment of (Un)conditional Love: Bringing Back Home. This is a physical, emotional, and spiritual exploration of queer and normalized love within relationships between Nigerian women and their daughters, colonized Christian values and Nigerian people and within the deepest and rawest parts of ourselves that beg to be healed, heard, and held.

Soon I will also kick off our international “Share Your Bliss” tour. We will be traveling to people’s living rooms and kitchens, asking them to share their healing recipes, remedies, rituals, and resources.

I am a lover in awe of all the manifestations of infinite love around me. I see pain and trauma as sites of inspiration, transformation, and healing. I invite all that has challenged me to speak its truths and dance with me to wholeness. Living a life fully expressed physically, emotionally and spiritually is my beautiful struggle and my act of resistance.

We all live multiple identities. I seek and create spaces where each of these identities can thrive in the midst of an imposing, toxic, monolithic, oppressive world.

Leslie, la poupée lesbienne: Les traditions du Mas’ et contestations de la sexualité

Par Stephanie Leitch. Photos de Candace Moses et Austin Agho

Le carnaval de Trinidad est le plus grand spectacle du monde. Et je ne dis pas ça parce que je suis trinidadienne mais parce que « je ne peux pas mentir », comme le dit Pierrot Grenade.

La promotion commerciale des deux jours principaux du Mas’ (mascarade), avant la célébration catholique du Mercredi des Cendres, a pris le pas dans le discours populaire et les consciences et a servi de modèle pour les festivités caribéennes de la diaspora ailleurs dans le monde. Le carnaval est cependant bien plus que le stéréotype du « bikini et perles » et il peut revendiquer une histoire culturelle riche que les anciens ont conservée, avec le soutien du gouvernement et celui des jeunes générations qui veulent voir ces traditions rester en vie.

Que se passe-t-il donc quand vous fêtez le carnaval d’une manière non traditionnelle… Le vieux Mas’ bien sûr !

Mais à condition que vous connaissiez vos personnages du vieux Mas’. Parmi les plus populaires il y a le Voleur de Minuit, Jab Jab, le Diable bleu et Pierrot Grenade. En moins populaire mais en plein « come back » il y a la Baby Doll.

Ce personnage à l’allure enfantine qui porte un bébé cherche désespérément le père de son enfant. Elle porte le même genre de tenue que les poupées avec lesquelles vous jouiez étant enfant, une robe à froufrou, des chaussettes et un bonnet, le visage maquillé en blanc avec de grandes joues roses. Sa performance comme beaucoup des autres personnages traditionnels est très interactive puisqu’elle scrute la foule, accusant de nombreux hommes de ressembler à son enfant, réclamant qu’ils assument la paternité et lui donnent l’argent qui lui est dû, le tout sur son refrain caractéristique : « Où est l’argent pour le lait de l’enfant ? »

Depuis quelques années la Baby Doll a été utilisée comme un instrument politique par l’activiste culturelle trinbigonienne Eintou Springer et l’artiste Michelle Isava entre autres, en dehors du Carnaval pour porter des messages spécifiques d’ores et déjà associés au personnage. La Baby Doll constitue conventionnellement un moyen d’aborder la maternité chez les adolescentes et la responsabilité des pères, et peut facilement toucher d’autres problématiques connexes comme l’allaitement au sein et les Droits de l’enfant. Dans les joutes, les Baby Dolls ont tendance à utiliser les évènements politiques et sociaux actuels qui rendent leur discours pertinents, pleins d’esprit et parfois controversés. Cependant ceci n’a pas empêché les regards légèrement choqués et mal-à-l’aise que j’ai reçus en coulisse après avoir déclaré à deux autres « Dolls » que je chercherais bien la mère de mon enfant… et non son père cette fois. Je pense que certaines choses restent taboues malgré l’histoire de notre Carnaval.

Le Carnaval ne s’est jamais voulu une démonstration réaliste (l’hétérosexualité peut y être lue comme littérale) mais une parodie de ce que nous ne sommes pas. C’est pourquoi Dame Lorraine, à l’origine jouée par des hommes, reste notre première trace historique de cross-dressing. « C’était une continuité de la dérision du maître par l’esclave, qui avait commencé sur les domaines avant la période d’apprentissage, de 1834 à 1838. Ce spectacle en deux actes était une satire burlesque des manières de la plantocratie française du 18e siècle. La performance de Dame Lorraine ‘’a institutionnalisé cette pratique dans les théâtres pour un public qui payait’’, et elle durait jusqu’à l’aube quand les interprètes lourdement costumés et leur public se glissaient dans les rues pour débuter la mascarade (Carnaval) du lundi matin. Une version précoce du Jou Ouvè, en somme. ” [extrait de “The Jouvay Popular Theatre Process: From the Street to the Stage (Jouvay Poetics)” by Tony Hall]. Dans les joutes de cette année, un homme jouait à la fois le rôle de Dame Lorraine et de Jammet, et non seulement il a battu les autres participantes niveau déhanchement mais il faisait également tournoyer ses fesses gonflées au-dessus de la tête d’un homme du public. Ce spectacle n’était acceptable que dans le contexte spécifique de la mascarade.

On peut aussi voir comment les différents personnages interagissent et imitent la réalité sociale d’une époque. Encore aujourd’hui les Baby Dolls cherchent des pères blancs pour leur bébés, une tradition qui vient de l’héritage des enfant bâtards que beaucoup de marins américains ont abandonnés après l’occupation de Trinidad par les États-Unis dans les années 40. Ces liens entre marins, femmes, prostitution, enfants abandonnés et autres a été bien documentée par de nombreux calypsoniens de l’époque, y compris dans la célèbre chanson Jean and Dinah de Mighty Sparrow mais cela fut peint de manière plus poignante dans Brown skin girl de Mighty Terror, que Harry Belafonte a rendu mondialement populaire.

La famille nucléaire telle qu’elle est enseignée et célébrée est un mythe qui a été perpétué aux Caraïbes, œuvrant contre la réalité d’une palette très diverses de structures familiales y compris les parents célibataires et les couples homosexuels. Il était important pour moi de montrer l’intersection de ces problématiques en dehors de la sphère intellectuelle ou privée d’une manière non conflictuelle et présentable à un public sous forme de spectacle. La façon dont les questions LGBT ont été construites dans les discours publics permet aux mêmes personnes de faire résonner leur rhétorique répétitive et usée tout en faisant taire les voix dissidentes. Quand on voit cela de près, avec le licenciement sans ménagement de l’ancienne Ministre du Genre, Verna St Rose Greaves, à cause son engagement sur la « controversée » question des Droits des homosexuel.le.s et de l’avortement, ça rend le modus operandi de notre gouvernement clair. Le personnage de Leslie est évidemment politique mais est aussi une tentative d’humaniser les problèmes qu’engendre la discrimination, et de montrer combien cela peut être blessant pour des relations construites autour de l’amour et de la famille.

MONOLOGUE
J’cherche Nick
Vous n’savez pas qui est Nick?
Nan pas Nicholas… Nikki
L’avez pas vue?
 
Pourquoi vous avez l’air si surpris ?
Hey, c’est le 21e siècle
Et vous tous pensez encore qu’une femme a besoin d‘un homme pour faire un enfant…
 
Ça vous dérange pas que l’gouvernement nous complique les choses 
Et qu’les LGBT n’aient encore ni droits ni politique sur le genre
Pendant que Kamla écrit des lettres en privé parlant d’en finir avec les discriminations et d’égalité
Mais chhhhhhhhhut, dites pas que j’vous l’ai dit
Parce que dès qu’elle reviendra dans la bataille de Trini elle nous culpabilisera !

Alors on trouve nos propres moyens de faire des enfants
Enfin bref, quelqu’un a vu Nikki
Le bébé lui ressemble trop
Mais pourquoi vous riez tous ?
Pourquoi le bébé pourrait pas lui r’ssembler?
Vous pensez que seul l’ADN fait la famille
Combien y a de femmes là qui essaie d’embrouiller des mecs en leur disant que l’bébé leur ressemble
 

Regardez-moi ces yeux
Et dites-moi que vous ne voyez pas Nikki
(elle berce le bébé)
 
Je pensais qu’on serait heureuses
Moi et ta maman

Elle m’a embobinée avec ses doux mots
Comment elle allait faire de cette pièce une chambre pour le bébé
gâtifiant chaque fois qu’elle voyait un nourrisson
J’ai été trop stupide Et j’ai porté son enfant pour elle…

Maintenant j’ai vraiment le stress
Je ne peux pas aller au tribunal réclamer une pension alimentaire
Aucune réparation
 
Mais pourquoi elle m’a quitté
Moi et notre petit bébé ?
Je me demande si son beau-père l’a forcé
Il m’a toujours détesté
Il m’appelait et me menaçait
Disant que je faisais honte à sa famille
Qu’il m’enverrait la police…
(rires)
 

… je crois que c’est ce con de Lerry
Il lui a toujours promis qu’il l’épouserait
Mais c’est pas elle qu’avait le ventre gonflé / ballon
Alors pourquoi elle s’est inquiétée
C’est moi qui était pieds nus et enceinte
Comment elle a pu avoir peur
 
J’dis pas que j’voulais pas un enfant
J’suis toujours sa mère
Mais j’aurais fait les choses autrement
Si j’avais su comment ça finirait

Mais c’est comme ça quand on vit cette vie, enfant ou pas
Je veux pourtant les mêmes choses que n’importe quelle mère
Trouver ma moitié et l’argent pour le lait de l’enfant
 
Alors dites-moi, où est l’argent pour le lait de l’enfant?
Où est l’argent pour le lait de l’enfant?
Ces cinq dernières années, Baby doll a été mon personnage de prédilection et je profite de l’occasion chaque année pour me réinventer ainsi que mon message. Malgré mon trac, la représentation a été bien accueillie par le public et les juges, et j’ai obtenu la troisième place.
Il y a de l’espace dans nos traditions pour contester la tradition parallèle, et à bien des égards paradoxale, du silence et de la honte autour de la sexualité et j’ai l’intention d’explorer pleinement ces possibilités d’une manière qui développe nos réminiscences et l’ampleur des souvenirs culturels et des méthodes de conservation.

Reference
(1) Pierrot Grenade est le bouffon par excellence du Carnaval de Trinidad. C’est un « érudit » qui se vante d’un grand savoir et se délecte de l’étalage de ses larges connaissances. Il atteint les sommets de son érudition lorsqu’il épelle n’importe quel mot, quelque soit sa longueur, dans son style inimitable. « Et je ne mens pas ! » est la rangaine de Felix Edinborough, qui a joué et développé le personnage de Pierrot Grenade pendant 34 years.
(2) Trinbigonien est une contraction désignant une personne de Trinidad et Tobago, R2publique d’îles jumelles.
(3) Citation extradite de : “Hill: 1972: The Trinidad Carnival: Mandate for a National Theatre”, Chap. 5 Pg. 40
(4) Voir le texte complet ici : http://jouvayinstitute.blogspot.com/2012/12/the-jouvay-popular-theatre-process-from.html
(5) Jammet fait reference à une prostituée ou une femme considérée de basse classe ou de mauvais comportement.
Entou: http://www.youtube.com/watch?v=Z3paQrXSeHQ
Michelle: http://www.youtube.com/watch?v=zk6vNvxzvB4
Wine: https://www.youtube.com/watch?v=dlc0QfBY7a4
Jean and Dinah: https://www.youtube.com/watch?v=CnvzMxGsXeE
Brown Skin Girl: https://www.youtube.com/watch?v=B4No8NlbZfw
Private letter: http://ttnewsflash.com/?p=14376
© All Rights Reserved Stephanie Leitch

Ne plus jamais mentir…

De Nickel L. Photo de Mariam Armisen

Si à seize ans je survivais peinement dans ce monde que je ne comprenais pas, et qui me le rendait bien, à quarante ans, ça aura pris tout le temps que ça a pris mais aujourd’hui je vis pleinement celle que je suis. Le vilain petit canard a fini par devenir un joli cygne, ou à défaut au moins un canard qui s’accepte tel qu’il est, et le revendique fasse a cette basse-cour infestée.

Le coq devant uniquement chanter, et la poule se soumettre. J’ai dit non, a ces pseudo-rituels instaurés par des hommes qui n’y connaissent que dalle au quotidien d’animaux que nous sommes.

Une vie de mensonge, oui c’est à cela que vous nous soumettez, oui une vie de soumission aux règles qui nous semblent faites pour d’autres. Peut-on rester dans un hémicycle et décider de ce qui est amoureusement faisable entre personnes ?

Cette vie de mensonge je l’ai vécue pleinement et pleinement j’ai menti, à moi-même, à cette fille, que j’aimais et qui m’aimait. A ce garçon qui m’aimait et que ma famille aimait, à cette famille que j’aimais et qui elle aimait une étrangère. Car me connaissaient-ils seulement ? Que penseraient-ils de moi ? Que dira mon père à ma mère ? Ma mère à ma tante et celle si osera t’elle me dire la vérité sur ces mots sortis pour me définir ?

J’ai menti comme tous ceux de mon espèce le font au quotidien avec plus ou moins de succès mais toujours avec ces conséquences. Car la survie nous l’imposant a bon gré mal gré.

J’en suis devenu pessimiste, oui, face a cette vie sans perspectives de bonheur, comme un horizon sans soleil, ni lune même d’ailleurs. Mais être pessimiste comme je le fus durant ces deux décennies et demie n’a pas que du mauvais. Car aux yeux du monde vous avez tout pour être heureuse ; la jeunesse, la beauté, la chance à l’école et le succès avec les hommes… Mais qu’avais je à foutre de ces hommes ? Je me le hurlais dans mes rêves obscurs et secrets, je ne rêvais que d’elles ; belles frêles tendres, douces, suaves et délicates. Je ne désirais qu’elles !

J’avais tout pour être heureuse et parfois je l’étais. Car a toujours à prévoir le pire on sait l’éviter et le voir venir de loin. Mais hélas cette posture nous faisait éviter aussi au passage, le meilleur.

Dans mon univers, tout le monde est un prince charmant au destrier blanc propriétaire d’un château en France et de drôles de personnages psychologiques  en sont les châtelains ;

Le névrosé lui le rêve a longueur de journée, côtoyant de très prés le déprimé esseulé qui lui l’a longtemps perdu. A leurs côtés, j’ai rencontré le paranoïaque qui lui s’est érigé des contreforts immenses se protégeant de tout, de tous et même de l’amour, devenant parfois comme son voisin le schizophrène qui vit dans le sien en compagnie de son autre lui, le jour châtelain, la nuit courtisane. Mais les plus nombreux dans cette CASTLE VALLEY ce sont surement ces deux derniers bougres, le mythomane qui vendra le sien aux enchères à l’illusion de toutes les rêveuses et rêveurs qui auront le malheur ou le bonheur de croiser son chemin, et enfin dans cet enchevêtrement d’être et de personnalité je vous présente le pervers qui ne loue son château que pour des festins dépravés, des instants éphémères, pour des fêtes gomorrhéennes.

Mais aujourd’hui à quarante ans je suis libre… de crier ma vérité au monde, d’aimer celle que je veux, de partir libre, car au delà de nos corps qui survivent et se peine, nos âmes meurent d’avoir pas assez rêvé, osé et crié leur amour. Aujourd’hui, je suis celle-là qui offre une main, une oreille, un cœur mais plus encore une bouche, pour toutes celles qui comme moi d’il y’a deux décennies et demie à aujourd’hui, se sentent perdues et mal aimées. Je suis militante, l’assume et le revendique.

Je milite pour la liberté d’aimer celle ou celui qu’on veut afin d’être celle ou celui qu’on est réellement pour tous ceux et celle qui sont partis sans avoir vraiment été. Pour que plus jamais les âmes et les corps ne paraissent. Alors soldats aux âmes car notre liberté d’aimer est notre propre révolution.